Les petites histoires du comte Athanase
Le dernier hommage au maréchal Niel
Né le 4 octobre 1802, Adolphe Niel mena une brillante carrière tant sur les champs de bataille que dans l’arène politique. Formé à l’Ecole polytechnique, il devient officier du génie en 1827. Remarqué lors de la prise de Constantine en 1836 et de la campagne d’Italie en 1849, il est promu colonel puis général. Appréciant son sang-froid, Napoléon III le nomme aide de camp en 1855. La confiance de l’Empereur le mène en Crimée, où il prend part à la prise de Sébastopol, et les talents de stratège dont il fait preuve à Magenta et Solferino en 1859, lui valent d’être élevé à la dignité de maréchal de France.
Ministre de la Guerre à partir de 1867, il institue la garde mobile et dote les fantassins du Chassepot, premier fusil à chargement par la culasse et non plus par la bouche. Chargé par l’Empereur de réformer les armées afin de rendre le service militaire obligatoire, il travaille à ce projet quand il meurt le 13 janvier 1869, des suites d’une opération rendue nécessaire par la maladie de la pierre dont il souffrait tout comme l’Empereur.
Afin que le public puisse lui rendre un dernier hommage, son corps est exposé dans une chapelle ardente aménagée dans un salon de l’hôtel de Brienne, dont toute la façade a été recouverte de crêpe noir (cf. dessin). L’Etat organise des funérailles grandioses et le 17 janvier, le char funèbre, conduit par six palefreniers en livrée, quitte le ministère pour rejoindre les Invalides, alors qu’une partie des troupes a été détachée pour dresser une haie d’honneur sur le parcours.
Les brûle-parfums de Madame Mère
Quand, après son départ pour l’Italie en avril 1804, Lucien Bonaparte cède l’hôtel de Brienne à sa mère Letizia, les pièces du rez-de-chaussée bénéficient d’un système de chauffage à air pulsé, équipement moderne réservé alors aux grandes institutions telle que la salle du Conseil des Cinq-Cents au Palais Bourbon. A l’étage, les cheminées sont toujours de rigueur, au grand dam de Madame Mère qui n’apprécie guère l’odeur du feu de bois !
Afin de ne plus être incommodée, pour son salon, dans lequel, entourée d’amies sûres, elle aime discuter de la Corse en travaillant sur son ouvrage, elle commande une paire de chenets brûle-parfums en bronze doré. Sous l’effet de la chaleur, grâce au motif délicatement ajouré des couvercles, les délicieuses senteurs des huiles versées dans les deux cassolettes enveloppent la pièce.
A la Malmaison, les effluves des bâtonnets de benjoin, d’ambre ou d’aloès, que Joséphine aimait faire brûler dans son alcôve, ravissaient Napoléon. On ne sait si Letizia choisissait les mêmes fragrances lorsque son empereur de fils venait lui rendre visite.
Epargné par les flammes !
Le 18 mars 1871, quand éclate la Commune de Paris, dernière révolution du XIXᵉ siècle, le Gouvernement choisit de se réfugier à Versailles, laissant la capitale aux insurgés qui s’installent dans les administrations désertées. Les deux camps s’enferment dans leurs exigences. « Nous sommes pris entre deux bandes de fous, ceux qui siègent à Versailles et ceux qui sont à l’Hôtel de Ville » constate Clemenceau impuissant. Le 2 avril, la capitale est assiégée.
Le 21 mai, l’entrée de 60 000 soldats dans Paris marque le début de la Semaine sanglante. La ville se transforme en champ de bataille. A partir du 23 mai, les Communards incendient les monuments qu’ils occupaient pour « opposer une barrière de feu aux ennemis de Versailles » et protéger leur retraite. Évacué par les insurgés le lundi 22 mai vers 5 heures du matin, l’hôtel de Brienne échappe de justesse aux combats et à la mise à feu qui ont endommagé ou fait disparaître de nombreux monuments, seuls les salons nécessiteront une restauration.